|
15/10/2001 / INTERWIEW Jean-Jacques Baronnat, directeur de la maison de négoce Baronnat
La maison Baronnat, la dernière sur l'arrondissement de Villefranche-sur-Saône (contre 17 il y a 25 ans), est un négoce familial depuis trois générations. Elle sélectionne et vend des vins du Beaujolais, du Mâconnais, de la Vallée du Rhône et, depuis peu et en très petites quantités, du Languedoc.
Interview réalisée par Cécile Vuchot Interview de Jean-Jacques Baronnat
Interview de Jean-Jacques Baronnat
Quel est, selon vous, le grand point faible des vins français ?
C'est avant tout un problème de communication. En France, on a des règles de production contraignantes, mais on ne le fait pas savoir ! Un exemple symptomatique de l'état d'esprit français : à Vinexpo, on a fait la part belle aux étrangers… Peut-être un peu trop, non ? Aujourd'hui, c'est très à la mode de parler des vins étrangers, mais il faut dire haut et fort qu'ils n'ont pas les mêmes règles de production que nous !
Les vins français ont encore une belle cote d'amour à l'étranger…
Oui, mais il faudrait que les consommateurs étrangers puissent facilement identifier nos bouteilles ! Pourquoi ne pas imaginer une étiquette en forme de tour Eiffel ou quelque chose dans ce goût là ? Aucune maison ne fonctionne si les commerciaux et la production ne s'entendent pas. Or, la France n'est qu'une vaste entreprise. Les régions viticoles françaises ne devraient donc pas s'opposer ainsi les unes aux autres. Enfin, une chose est sûre : un étranger sait, au mieux, où se trouve la France, alors, vous pensez ce qu'il connaît de Chénas ou Chiroubles !
Quelle mesure d'urgence pourrait rendre aux vins français leur place sur le marché mondial ?
Le Beaujolais est un des vins les plus connus au monde, or on est en crise. Ça amène à se poser des questions, non ? Il faut d'abord une plus grande sévérité aux dégustations d'agréments ! En imaginant une solution en amont… On peut penser à un fonctionnement du type assurance, indemnisant le vigneron recalé. En fait, le vin est un produit personnel que l'on partage. J'entends par là que seule la dégustation permet de décider si un vin est bon ou non. Je le vois chaque jour dans mon métier. Et il ne faut pas confondre qualité du produit et qualité du process. Je me méfie des normes et autres HACCP, qui deviennent des arguments commerciaux ! Aurait-on aujourd'hui la joie de goûter du Sauternes, du Champagne et du Vin Jaune, nés d'une erreur, si à ce moment là on avait eu l'HACCP ? Rappelons que le vin, c'est un métier de paysan. Quand on plante, c'est pour 50 ans. Alors, on a intérêt à être le plus vrai possible, à parler de notre métier. Et surtout, on ne peut pas se permettre de suivre des modes. Imaginez si le Beaujolais blanc, qui représente moins de 1% de la production actuelle, devenait à la mode… Quel danger pour notre viticulture !
|
|